Un coup de fil impromptu. Un ami qui annonce sa décision de divorcer et veut clarifier ses perceptions. Le pire moment pour prendre une décision : culpabilité, questions d’argent, domicile, quotidien méconnaissable, crise de couple, enfants désemparés … tout cela forme un maelstrom qui emporte l’esprit comme un poil dans le trou du lavabo. Pourtant quelle autre option que de penser et dire quelque chose pour qui va quitter le domicile familial ? Tchao, à plus ? La déflagration abasourdit, c’est absurde de construire l’avenir dans ce contexte. Idéalement il faudrait six à douze mois de pause, même pour le conjoint qui n’a pas vu le problème venir. Même une médiation suppose un relatif apaisement des émotions et un début du travail de deuil. Qui peut entendre ça ? La peur et la colère ne vont-elles pas jouer les briseuses de trêve ?
La tierce-décision obligatoire n’est-elle pas la voie de la sagesse ? Un médiateur familial qui apaiserait le ressenti dramatique, qui prendrait des décisions temporaires, qui permettrait de dépasser l’état de choc en garantissant la sécurité de chacun. Ce que le couple peut convenir, le couple peut aussi le confier à autrui. Hier des couples agissaient en justice pour dénoncer le déni de justice qu’est l’arriéré du tribunal de la famille. Faut-il vraiment un tribunal pour tirer l’écran sur lequel nos attentes et projections les plus folles vont pouvoir jouer ? Crevons l’écran, c’est de notre vie qu’il s’agit. Qui s’est marié devant un tribunal ? Personne, alors quoi ?